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6 décembre 2012 4 06 /12 /décembre /2012 15:36


"Il resta de la sauce dans le bol. Je demandai à ma mère de m’en tartiner le pain. « Non, dit-elle, cela va couler. » Elle réfléchit : « Je crois que j’ai une idée. » Elle coupa le quignon de la flûte, enleva la mie, logea dans le creux le restant de mayonnaise, et avec un  autre quignon d’une autre flûte inentamée elle fabriqua une sorte de bouchon. « Là, dit-elle, maintenant ça ne risque rien. » Il faut bien comprendre que commencer un pain avant d’avoir fini le premier était une chose impensable, comme de jeter un peu de mie. Elle fit cela pour moi, déroger à tous ses principes de bonne ménagère. Je lui suis encore reconnaissante aujourd’hui par-delà sa mort qui est minimisée par la lointaine tendresse que je lui adresse, car elle me donna un apogée de goûter, un goûtissime. "

 

Le livre de Marie Rouanet pourrais débuter à la Perec : je me souviens de …tous ces plaisirs non coupables, des émotions gustatives de mon enfance qui quand j’y repense me donne l’envie de régresser tout doucement vers ces moments d’enfance qui mis bout à bout reconstruisent de délicieux souvenirs qui font la chair du roman.

 

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6 décembre 2012 4 06 /12 /décembre /2012 15:35


Si je pouvais être métamorphosé en quelque oiseau ou animal, alors, pour la première fois, je serais moi-même." C'est ce que les hommes ont toujours ressenti, et ils ont inventé des histoires magiques de cygnes blancs qui étaient des filles de roi, d'ânes se nourrissant de feuilles de roses et de renards-fées se plongeant dans des grimoires. Et pourtant, il y a toujours eu des humains qui ont possédé ce don, si communément envié. Les poètes et les conteurs dont une race de loups-garous -non pas les épouvantables loups-garous carnivores sur lesquels Mr Montague Summers vient de nous donner un volume très savant et très intimidant, mais des loups-garous de l'esprit. En se métamorphosant eux-mêmes pour réapparaître sous d'autres formes, ils trouvent des forces nouvelles, ils vivent d'autres vies, et souvent, comme la pauvre ourse Callisto, ils deviennent des étoiles fixes, immortelles, dans le ciel au-dessus de nous." 

 

Des années avant Journal d’un corps de Daniel Pennac, Flush est une tentative de biographie qui se dessaisie de son sujet pour observer à travers un point de vue inattendu.

On se laisse immédiatement prendre par le charme de cette biographie de la poétesse Elizabeth Browning entrevue par son plus fidèle compagnon : son chien. Ecrit pour se soulager de l’émotionnel introspectif de « Les Vagues », Virginia Woolf  trouve ici la peau d’un animal pour nous rendre visible les maladies de l’âme de cette femme écrivain du début du 20ème siècle, homologue de  Virginia. Comme toujours chez Woolf, l’écriture y est ciselée à souhait et cette fois pleine d’un humour irrésistible.

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